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INTERVIEW DE AURELIEN BELLE A PROPOS DE SON SPECTACLE « MONSIEUR SEUL EN SCENE»


Aurélien Belle présentera le samedi 5 février prochain son spectacle « Monsieur seul en scène » chez Mémé Loubard à la Bwesse à music de Dampremy. L’occasion était toute trouvée pour le rencontrer et lui poser quelques questions à propos de ce one-man show très atypique.   

 

 Aurélien Belle, vous allez faire une nouvelle représentation de votre spectacle « Monsieur seul en scène » chez Mémé Loubard à Dampremy. La première question qui me vient à l’esprit est la suivante : Monsieur seul en scène, qui est-ce ? 

 

 A priori, « Monsieur Seul en scène », c’est moi. C’est un titre à double sens. Il s’agit bien entendu d’un artiste qui fait son show seul sur une scène pendant une heure et demi, mais c’est aussi et surtout un personnage seul dans la vie. L’histoire d’une solitude.  

 

C’est donc un spectacle triste ? 

 

 Non, pas du tout. C’est même très drôle car cette solitude est transfigurée par l’humour, la dérision et le décalage. « Monsieur Seul en scène » est un clown, ne l’oublions pas. Un clown triste mais un clown tout de même.   

 

C’est un spectacle de quel type ? Théâtral, musical ?  

 

C’est un spectacle de chansons, les miennes en l’occurrence, qui sont à chaque fois introduites et entrecoupées par des mini-sketchs. Ce n’est pas vraiment du théâtre, je dirais plutôt que c’est un one-man show musical. Je m’accompagne moi-même au piano, comme d’habitude, je suis en autarcie totale. C’est un véritable luxe de pouvoir parler de soi pendant une heure et demi devant des gens qui ne vous connaissent pas ou qui ne vous connaissaient pas sous votre angle habituel. 

 

Cette solitude dont vous parlez, elle revêt différentes formes.  

 

Oui, c’est avant tout une solitude sentimentale et existentielle. Mon personnage fait des tours sur le ring de Bruxelles et se perd sur les routes nationales en pleine nuit. Ma chanson fétiche « La star du ring », est l’expression même de l’absurdité de la condition humaine. C’est du Beckett en mouvement. Les héros de Beckett étaient statiques, comme Vladimir et Estragon dans En attendant Godot. « La star du ring » est un héros qui bouge mais qui revient tout le temps au même point, comme Sisyphe avec son rocher.    

 

 Et sentimentale ? 

 

 « Monsieur seul en scène » est un looser sentimental : il regarde les femmes de loin dans les grands magasins ou dans les parkings de supermarché et fantasme sur elle sans jamais oser les aborder. Ou alors il s’entiche de femmes qui sont déjà prises.    

 

Monsieur seul en scène, c’est autobiographique ? 

 

 Non, peut-être… (Rire)

 

 Dans votre film vidéo « La déesse L. » que vous avez récemment livré au public sur Internet, ne retrouve-t-on pas un peu ce personnage ? 

 

 C’est le même personnage : il parcourt les routes nationales et s’arrête dans les parkings de supermarché. Mais il ne sort jamais de sa voiture, il ne voit le monde qu’à travers le pare-brise de sa voiture. La vitre est une métaphore de son impossibilité à s’engager : il voyage dans sa tête à travers ses fantasmes sur les femmes mais il est tout autant coupé du monde que de la femme.  

 

Monsieur seul en scène est également une chanson du spectacle ?  

 

Oui. C’est une mise en abyme. Elle parle d’un artiste seul en scène : les filles viennent le voir mais elles repartent avec leur mec une fois le spectacle terminé. Y a pas souvent de sixième acte… Et c’est vrai, c’est mon histoire : parfois, je vois des filles enlacées à leur mec pendant que je chante Where and when. A un moment donné, je dis dans la chanson : regarde-les, ils feront sûrement mieux à eux deux. Ce qu’elles ne comprendront jamais, c’est que je voulais leur dire : Vous ne m’avez pas choisi. Vous repartez avec un mec après la représentation mais ce n’est pas moi.  

 

Ce n’est pas pour souhaiter bonne chance à leur couple, alors ? 

 

 Ce n’est pas vraiment la vocation de ma chanson… (Rires). Non, c’est une manière d’exorciser mes propres échecs. Jacques Brel disait dans une interview (je crois qu’il citait Duhamel) : On raconte ce qu’on rate. On raconte ce qu’on arrive pas à faire : c’est un phénomène de compensation. Dans chacune de mes chansons, il y a un message subliminal (ou même carrément explicite) destiné à une femme que j’ai connu et aimé. Malheureusement, c’est là le côté tragique du spectacle, ce ne sont jamais les personnes concernées qui viennent m’écouter.  

 

Les gens qui écoutent vos chansons s’identifient-ils à votre personnage ? 

 

 Beaucoup d’hommes, oui. Et paradoxalement, beaucoup de femmes aussi ! 

 

 Pourquoi paradoxalement ?

 

  Parce que je n’arrive jamais à écrire une chanson qui partirait de leur point de vue. Mon point de vue est celui d’un homme. Je ne suis pas comme Alain Souchon ou Pierre Perret qui arrivent à écrire des chansons sur les femmes en prenant leur point de vue : c’est très rare, cela, d’ailleurs, chez les chansonniers.  

 

Mais vous n’allez tout de même pas nous dire que « Monsieur seul en scène » n’est pas un spectacle engagé. Il y a tout de même des thématiques sociales et politique. Ce n’est pas uniquement l’histoire d’un homme avec des blessures sentimentales et coupé du monde. 

 

 Bien entendu ! En réalité je suis tout sauf coupé du monde. Je l’observe avec beaucoup d’attention mais toujours un peu à distance. L’engagement chez moi est indirect. En ce qui concerne la politique, il y a trente six manières de s’engager, il n’y a pas qu’en prenant une carte de parti ou en allant chanter dans les meetings. Déjà dire dans une chanson comme Vilvoorde ou comme dans Spleen made in Belgium qu’il fait mal vivre dans certains quartiers de Bruxelles ou de Charleroi et que les paysages urbains sont moches, c’est déjà une manière de faire de la politique. Mais indirectement, et toujours avec un souci ludique, esthétique. Et de l’humour ! Sinon, autant faire un essai ou une thèse de doctorat.  

 

Ce sont des chansons qui font un constat sur la Belgique d’aujourd’hui. La Belgique et ses mutations. 

 

Absolument. A travers la description de ses paysages ! Mais les paysages éclairent toujours sur la manière dont un pays fonctionne politiquement et socialement. Ainsi que sur la manière dont les gens vivent…  

 

Politiquement, on pourrait vous penser écolo, avec votre chanson « Les glaces au mazout ». 

 

 Oui, mais si on écoute attentivement la chanson, on se rend compte qu’en fait j’écoute le discours d’une personne altermondialiste beaucoup plus que je ne suis altermondialiste moi-même. Lorsque j’introduis la chanson, je dis que je ne me suis aperçu qu’elle était écolo qu’après l’avoir écrite. C’est une boutade, mais cela veut dire que bien souvent, ce sont les mots et les notes qui appellent les thèmes. Moi je pars des titres pour écrire une chanson, jamais des thèmes. La seule chanson où je m‘engage de manière précise, c’est Je bosse dans le culturel. Ce sont mes souvenirs de deux années de travail pour le festival Mars en chansons de Charleroi qui a aujourd’hui disparu. J’avais besoin d’expliquer le plus clairement possible ce qui attend les gens qui veulent travailler dans ce secteur.  

 

Comment est né le concept de « Monsieur seul en scène » ? 

 

 A la base, ce n’était pas un one-man show. Nous étions deux sur scène. J’étais accompagné à la basse et aux chœurs par Bénédicte Delos. Cela a duré de 2008 à début 2010. Puis, lorsque nous avons cessé de collaborer, au printemps dernier, j’ai assumé le spectacle comme un véritable seul en scène. Et, par un hasard assez troublant, cela a coïncidé avec le moment où j’ai écrit la chanson qui porte le titre du spectacle. 

 

Que peut-on vous souhaiter pour le 5 février ?  

 

Mais… qu’il y ait du monde ! Sinon, je me verrai obligé de changer le titre du spectacle. Au lieu de « Monsieur Seul en scène », j’appellerai ça « Monsieur Seul en salle ». (rires)  

 

Propos recueilli par MW.        

 

 Aurélien Belle, « Monsieur Seul en scène » à la Bwesse à music, le samedi 5 février à 20h Adresse : 94, rue Jules Houssière6020 - Dampremy Infos et réservations : 0477720538www.elbwesseamusic.info 

 

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